Après avoir passé la frontière à Mae Sot côté thaïlandais, nous voilà arrivés à Myawaddy, ville frontière au Myanmar (eh oui on ne dit plus Birmanie depuis 30 ans!). 

Et là la différence entre les deux pays nous saute immédiatement aux yeux ! C'est un joyeux bordel chez les Birmans, ça bouillonne, il y'en a dans tous les sens ! Nous remarquons les visages enduits de thanaka, une substance jaunâtre extraite d'un arbre qu'hommes et femmes se mettent sur le visage afin de se protéger du soleil, des moustiques). 

Les gens portent tous des longyi, sortes de longues jupes donnant aux hommes un air très élégant contrastant avec ce qu'ils mâchouillent: des chiques de bétel à la chaux qui détruisent leurs dents et leur colorent la bouche d'un rouge sang. Et tout le monde crache toutes les 30 secondes des jets rougeâtres jusqu'à repeindre les trottoirs ! Nous remarquons également les sourires et les "hello" à notre encontre! Les Birmans sont très chaleureux. 

L'ambiance est chouette, nous avons hâte de continuer et découvrir ce pays .
Notre première étape sera Hpa-an, non loin de la frontière. À peine montés dans le taxi collectif qui nous y emmène, nous rencontrons Nana, une Birmane vivant en Autriche et qui parle bien l'anglais. Elle nous offre une tablette de chocolat (du Milka en plus !!!) en direct d'Autriche, des bouteilles d'eau,... et surtout nous invite le soir même chez sa sœur qui vit à Hpa-an !Nous avions entendu parler de la gentillesse birmane mais à ce point on ne s'imaginait pas ! Et c'est comme ça que le soir même nous débarquons dans une famille birmane aux petits soins pour nous, presque trop puisqu'eux même ne mangeaient pas avec nous ! Entre fous rires et photos, nous passons une superbe soirée. Le rendez vous est pris pour se revoir quelques jours plus tard.On nous conseille de prendre un scooter pour explorer les environs. Nous visitons ainsi la région de Hpa-an avec notre fidèle destrier à deux roues. Nous découvrons des montagnes karstiques s'élevant au beau milieu de rizières verdoyantes... nous en prenons plein les yeux ! 

Au programme, visite de grottes remplies de Bouddha (la star locale), piscines naturelles, cavernes aux chauves souris... bref c'est le top ! Cet endroit n'est pas ouvert aux touristes depuis très longtemps, nous avons donc droit à des centaines de hello de la part des petits et des grands et surtout à des photos ! Et oui là-bas nous avons pris la pose au moins une cinquantaine de fois pour leur faire plaisir ! On se prête bien volontiers au jeu, ce n'est pas tous les jours que ça arrive (petite réflexion personnelle de Guislaine : n'empêche, ça doit être trop relou d'être une star à se faire prendre en photo tout le temps quoi !)

Direction ensuite Mawlamyine où nous visitons entre autre le plus grand Bouddha couché au monde ! Plus de 260 m de long ! Ils ont mis des dizaines d'années à le construire, ce fut tellement long que ce qui a été fabriqué en premier commençait déjà à tomber en ruine alors qu'il n'était pas terminé ! Et le pire c'est qu'ils ont décidé d'en commencer un autre juste en face... une véritable folie des grandeurs ! On peut même visiter l'intérieur où l'on découvre de nombreuses salles avec des statues plutôt kitsch, dans le style Europapark, racontant la vie de bouddha !

Après un très court séjour sur la plage de Setse plus au sud (très typique mais jonchée de détritus et un hôtel plutôt miteux...) nous nous rendons à Yangon ! Nous ne passons que 2 jours là-bas et c'est largement suffisant. La visite de la pagode Shwedagon fut très impressionnante, tout comme le bouillonnement des rues et des marchés. Malheureusement la ville n'offre pas grand chose d'agréable au voyageur de passage !

Notre envie de plage n'étant toujours pas rassasiée nous décidons d'aller à Chaugta beach, dans l'ouest du pays. Peu de gringos et beaucoup de touristes birmans, ça nous va ! Ici encore nous posons de (très) nombreuses fois sur des photos ! Impossible d'être tranquilles sur la plage ! C'est en scooter que l'on découvre les plages magnifiques au nord de la ville. On est comblés, sable blanc, palmiers, personne en vue... bref le rêve !

Après quelques jours à essayer d'égaliser notre bronzage de baroudeur et à ramasser des (centaines de) coquillages, nous faisons étape dans la petite ville de Pyay sur la route de Bagan. Chose incroyable, nous tombons sur Ben par le plus grand des hasards ! Si vous avez suivi nos aventures, c'est un Anglais que nous avons rencontré en Thaïlande 3 semaines plus tôt à Ban Kham Pia également au fin fond de nulle part. Le monde est quand même sacrément petit !

Prochaine étape "imposée" Mandalay ! Etape non prévue mais obligée du fait d'un bus vers le site archéologique de Mrauk-U qui est soit disant tombé en panne avant Pyay - il y'en a un autre mais il est complet - on peut vous installer un petit tabouret dans l'allée (pendant 15h) - en fait il n'y a plus aucun autre bus – merci les gars....!! Donc pas de Mrauk-U mais un bus de nuit pour Mandalay. Nous visitons ainsi le plus long pont en teck du monde (pont d'U bein), pas plus d'explications pour vous les amis, les photos parlent d'elles mêmes !!

Après un court trajet en train de nuit (on adore !!!!) nous arrivons enfin à Bagan, gros pôle touristique du pays. En même temps cela se comprend car le paysage est vraiment époustouflant avec quelques 2000 temples bouddhiques disséminés par ci par là sur le site archéologique! Nous prenons beaucoup de plaisir à nous balader en scooter électrique et à jouer les Indianas Jones parmi les ruines! Le lever du soleil avec l'envol des montgolfières est un enchantement et restera longtemps gravé dans nos esprits !

Nous rejoignons ensuite le lac Inle, suivant la route touristique classique Bagan-Inle. C'est un lac d'eau douce d'une profondeur moyenne de 2,10 m en saison sèche. Environ 70 000 personnes habitent sur le lac. Et quand on dit sur le lac, c'est réellement sur le lac ! En effet, il y'a de nombreux villages sur pilotis et même des jardins "flottants" ! Nous ne savions pas trop à quoi nous attendre car c'est extrêmement touristique mais finalement nous n'avons pas été déçus. Une journée en bateau nous aura permis de découvrir un peu la vie sur le lac. On y trouve des pêcheurs acrobatiques qui, pour avoir les mains libres, tiennent leur pagaie avec une jambe (certains d'entres eux ont d'ailleurs bien compris l'engouement touristique et en profitent pour poser en tenue "traditionnelle" alors que le vrai pêcheur y va en jogging !). On y trouve également des fabriques en tout genre (tisseries de soie, de lotus et de coton, fabriques de cigares, forgerons, bijoux en or et argent..), des restaurants, des marchés... bref c'est génial et on ne sait plus où donner de la tête ! Bon c'est difficile de savoir s'il y a quelque chose d'authentique là-dedans mais le lac et ses habitants valent le voyage.A partir d'Inle nous repartons vers Hpa-An et la frontière Thaï.

Au final ce voyage en Birmanie nous aura ravi. C'est une belle expérience humaine et on a vu de très jolies choses. Mais disons-le aussi nous avons été souvent gênés et frustrés dans notre âme de baroudeurs ! Pour beaucoup le Myanmar fait partie "du top 3 des destinations coup de cœur". Notre avis est un peu plus nuancé. Voici pourquoi.

Comme souvent le tourisme donne à voir une carte postale mais il n'est pas très compliqué au Myanmar de se rendre compte que ça ne va pas fort en général ! Il s'agit d'une des pires dictatures au monde et le niveau de vie est vraiment très bas. Lors de nos trajets en bus, nous avons pu voir de nombreuses femmes et des enfants travaillant à construire les routes (pour les touristes..) en pleine chaleur et appliquant le goudron à la main sans aucune protection. On a cru comprendre au détour de conversations qu'il s'agissait de travail forcé mais difficile de savoir ce qu'il en est exactement. Cela rappelle les brutaux conflits à l'intérieur du pays dont on ne sait pas grand chose et le déplacement massif de population. Autour du Lac Inle notamment se trouvent 22 ethnies dont une partie aurait été déplacée là. Difficile de ne pas remarquer aussi les nombreux enfants dans les rues travaillant ou vendant des cartes postales aux touristes. Peu d'entre eux semblent connaitre l'école. En se promenant au milieu de tout cela on s'est senti mal à l'aise, avec nos bus climatisés et nos excursions sur mesure.

Si l'on prône le tourisme comme moyen d'ouverture, ça parait raté ! Le pays ne s'ouvre en fait que très peu et c'est plutôt le gouvernement qui profite de nos beaux dollars. A Bagan par exemple seuls 5% des frais d'entrée vont réellement dans la conservation des temples d'après l'Unesco (qui n'a pas accordé le statut de Patrimoine Mondial au site). Le reste disparaît ! Pfouit ! Idem pour le lac Inle, qui d'ailleurs n'est pas loin de la catastrophe écologique (baisse du niveau de l'eau, aucune gestion des déchets). Ici peut-être plus qu'ailleurs la majeure partie des habitants reçoit des touristes de l'eau polluée et des canettes de coca vides.Dans un registre plus léger, malgré la taille du pays il n'y a en gros qu'une seule route touristique Moulmein-Bagan-Inle que tout le monde suit. Ce n'est pas très original et le tourisme est très concentré. En dehors de ces points c'est un no-man's-land touristique difficile d'accès. Beaucoup de régions sont totalement fermées, d'autres sont accessibles seulement en avion (vive le budget), d'autres nécessitent une autorisation préalable et un guide. Pas de place a l'improvisation ! Pas de place à la liberté non plus puisque dans certains endroits impossible de louer un scooter pour les étranger. Nous avons également trouvé que sur le parcours les activités ne sont pas très variées : on visite des temples, des pagodes, des stuppas... jusqu'à plus soif ! Ca nous a fait du bien de louer un scooter quand on pouvait pour simplement quitter la route et aller voir les Birmans chez eux.

Au niveau du budget, le logement et les transports ont été la "bête noire" de notre voyage. Il faut le dire, la qualité des hôtels n'était pas du tout au rendez-vous et ce pour des prix pas du tout intéressants (surtout quand on compare avec la Thaïlande). Et pour les bus, le problème que nous avons pu rencontrer c'est que très souvent, les gares de bus sont situées à une dizaine de kilomètres du centre ville. Impossible du coup d'y aller directement pour acheter son ticket, il faut passer par des agences ou par les hôtels et là clairement on s'est beaucoup fait avoir au niveau des prix !En somme on espère que le pays va s'ouvrir de plus en plus à l'avenir et se développer pour les Birmans. Et que la pression écologique ne va pas tout ruiner d'ici là. Avec plus d'organisation et plus d'argent on peut surement pousser le sac à dos dans des régions reculées et surement magnifiques qui changent de la route classique. Ce sera peut-être pour un autre voyage !

N'oublions pas pour finir : les Birmans remportent haut la main la palme de la gentillesse et de l'accueil ! On s'excuse auprès des Brésiliens et des Equatoriens qui figuraient jusque là en bonne position !Nous voilà repartis en Thaïlande pour 1 mois, mais ça c'est une autre aventure que vous pourrez suivre dans notre prochain article !